
D’un geste rapide, le service d’accueil distribue son image, aussitôt la Communion terminée. La cathédrale est comble ce dimanche 9 octobre elle vient de fêter ses cent ans. Dans toute sa longue histoire, elle n’avait jamais entendu ce nom. Mais aujourd’hui Giovanni Battista Scalabrini, canonisé à Rome est cité à tout moment de la messe présidée par Père Daniel: aux invocations, à l’homélie, aux intercessions, à la bénédiction. Sa présence de « père des migrants » plane au-dessus de toute cette foule de visages qui, par le majestueux plafond de cèdre en forme de navire, fait penser à un de ces paquebots de son temps voguant vers l’Amérique. Comme Abraham, c’est toujours vers l’inconnu que nous marchons et souvent seul Dieu nous tient la main…
Alors chacun, à la Communion, retrouve ce visage d’évêque entre ses mains. Un saint de la porte à côté. Avec les beaux traits sévères et sereins de la région de Côme (Italie), qui a fait le miracle d’élargir son diocèse au monde entier ! Oui, par sa passion et sa compassion sans mesure pour le monde des migrants. Comme lors de ce voyage à New York, dans une anecdote rappelée dans l’homélie. Voulant assister, un matin, au débarquement des Italiens au port, il s’aperçut que l’un d’eux, portant deux lourdes valises, allait un peu moins vite que les autres. Le policier américain le frappa à la jambe d’un coup de bâton si fort que – note l’évêque – si elle ne s’est pas brisée c’était un vrai miracle. Celui-ci, ayant calmement déposé les valises, se retourna et lança une forte gifle au policier. « Il a mal agi, – note toujours Scalabrini, – mais il ne pouvait pas faire autrement ! » Il ne pouvait que défendre sa dignité. C’est pourquoi chaque migrant entreprend son voyage, voire son long chemin de croix : sa terre est indigne de le faire vivre !
A la fin, toute l’assemblée se mit à réciter avec conviction cette prière au nouveau saint : « Toi qui t’es entièrement donné à tous, tu as écouté le cri des migrants, tu as parlé en leur nom et tu as défendu leurs droits… » Oui, Jean Baptiste Scalabrini est devenu aujourd’hui le saint de tous les migrants. Alors, enfin, nous tous nous te prions : essuie nos larmes, soutiens notre faim et soif de justice, accorde-nous ce que nous attendons du plus profond de l’âme : la fraternité et la dignité !
Renato Zilio Missionnaire de St. Charles – Scalabrinien