Synthèse – Un an de synode

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Introduction – Ce qui s’est passé pour le synode

Trop souvent, nous constatons dans nos communautés que nous sommes les uns à côté des autres sans se connaître et sans toujours se reconnaître dans cette Église de Rabat. Elle représente une Église particulière quant à ses membres et la très grande diversité de leurs origines, son organisation et son pays d’accueil. Pour mieux comprendre ces spécificités et pour que chacun puisse prendre sa place dans cette Église, Mgr Cristobal Lopez Romero a décidé à la Pentecôte 2021 de lancer un synode pour réfléchir à la question « A la suite du Christ, quelle Église pour le diocèse de Rabat aujourd’hui ? ». Synode signifie littéralement faire route ensemble. Cette démarche cherche à nous apprendre à marcher ensemble en faisant l’expérience de cette route commune à travers ce temps de réflexion et de prière pour le diocèse.

Une 1ère assemblée synodale (16/17 octobre 2021) a rassemblé à Rabat une cinquantaine de personnes (prêtres, religieux, services du diocèse, écoles + 1 délégué par paroisse). Cette assemblée a permis de commencer le synode en faisant expérimenter aux délégués diocésains la démarche synodale proposée aux paroisses.

Dans les paroisses, 3 étapes ont été proposées, chaque fois avec un canevas pour la rencontre et le temps de prière. Elles ont rassemblé environ 600 personnes et 37 nationalités.

1/ Quelle Église sommes-nous ? (Rencontres personnelles – Contemplation des réalités diversifiées qui constituent nos communautés)

2/ Une proposition de Lectio divina sur le récit de la rencontre de Pierre et Corneille (Ac 10) 3/ Réflexions avec les questions du synode romain, adaptées à la réalité locale.

Cette 1ère étape en paroisse, qui s’est très bien passée, a révélé un besoin important de partager, de s’écouter, de se connaître dans chacune des communautés. On a senti un réel goût pour la rencontre, la prière partagée. Il a été plus difficile de maintenir la même dynamique et le même enthousiasme par la suite. Il a été aussi difficile d’élargir le cercle des participants à la démarche synodale au-delà des chrétiens pratiquants du dimanche.

Cette démarche a été adaptée pour les 2 monastères du diocèse et pour les communautés de prisonniers. Un questionnaire a été diffusé vers un public plus large (moins pratiquant) et vers les personnels de l’ECAM, écoles catholiques au Maroc.

Une deuxième assemblée synodale (19/20 mars 2022) a eu lieu à Rabat pour discerner les éléments de synthèse et les suites à donner au synode diocésain. Cette 2ème assemblée synodale s’est vécue comme une instance de discernement, de prise de distance, de réflexion sur notre Église et sa manière de vivre la synodalité. C’est défi de prendre du recul pour penser et se mettre à l’écoute de ce que l’Esprit Saint dit à notre Église, au-delà des aspects organisationnels du synode dans les paroisses et cette assemblée a permis à tous de se dire les uns aux autres des choses essentielles quant à la vie du diocèse. La 2ème assemblée synodale a été un vrai tournant avec plusieurs constats (cf. partie Perspectives)

Avant d’entrer dans une phase thématique, nous nous sommes mis, personnellement et collectivement, à l’écoute de la Parole de Dieu. Dans le temps pascal, une lecture quotidienne et suivie des Actes des Apôtres a été proposée à tous avec un court commentaire par une personne du diocèse. Des temps de réflexion ont été proposés dans les paroisses, pour nous mettre en marche, écoutant ce que l’Esprit Saint dit à notre Église particulière. Finalement, notre diocèse a vécu une expérience de synodalité qui nous appelle à aller plus loin, au-delà de la joie de se retrouver en groupe pour les fidèles, au-delà du fait d’organiser des réunions pour les membres des conseils et des assemblées.

Perspectives : 1. L’Église de Rabat : Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi.
Jn 17, 21. * Elle forme une communauté très diverse : étudiants subsahariens, expatriés européens, professionnels, migrants – 37 nationalités ont participé au synode… Mais cette diversité ne forme pas une réelle communauté. « Marcher ensemble » n’apparaît pas comme une évidence dans les communautés : Les différences de nationalité, de culture, de langue, … constituent des blocages. C’est la question de l’interculturalité qui se pose. Cette Église est marquée par une autre spécificité : c’est une Église de passagers : Le renouvellement des communautés est très rapide (presque tous les 3 ans), pour les étudiants et expatriés. Plus encore pour les migrants qui vivent au rythme des opportunités et des traumatismes.

Se posent alors ces questions : Comment faire advenir une communauté réelle dans cette diversité ? comment faire vivre l’Église, peuple en marche, à l’image du Peuple de Dieu dans l’Exode ? (Accueil des nouveaux pour qu’ils puissent s’investir / transmettre les intuitions du passé pour qu’il y ait une continuité) Comment faire advenir une culture ecclésiale commune ? Tout cela pour que la célébration de l’Eucharistie soit l’expression de la communion.

  • La 1ère phase a montré un grand besoin d’écoute de la part des fidèles en interne (sur les différentes propositions, les attentes, …), avec le risque d’un déficit d’engagement lorsque cette écoute est insuffisante. La diversité culturelle, le manque d’ouverture, la difficulté à organiser des rencontres, sont autant de freins à cette écoute. C’est la question de l’écoute et de la prise de parole de chacun qui se pose. Chaque communauté du diocèse doit réfléchir à ce qu’il peut mettre en place (temps de prière, de confession, cellule d’écoute…)
  • Les discussions ont fait apparaître une ambivalence entre une Église institutionnelle qui demande à aller vers l’extérieur, « une Église pour les autres », et les attentes des fidèles désireux d’une Église qui s’occupe et prend soin d’eux, « une Église pour nous ». Cela crée une tension qui s’expérimente tant dans l’action pastorale (entre le souci des étudiants de trouver un accompagnement dans leurs préoccupations et l’appel à une Église pour le Maroc) que dans le service (service pour membres de l’Église et souci des personnes vulnérables, par exemple les migrants au Maroc). Il faut trouver les moyens de la dépasser spirituellement.
  • Cette première phase du synode est aussi chargée d’espérance : tous disent la qualité de l’engagement des personnes et la vitalité des activités de l’Église. Nombreux sont ceux qui remarquent la disponibilité, l’accessibilité et l’investissement des prêtres et en rendent grâce. Il y a beaucoup de groupes, propositions et initiatives diverses et vivantes dans les communautés. La qualité et la franchise des discussions, les nombreux participants aux activités de l’Église et au synode sont autant de signes de vitalité du peuple de Dieu qui veut avancer.
  1. Une Église au service des plus pauvres Ce sont là les trésors de l’Église (Saint Laurent) : L’Église n’est pas tant pour elle-même, elle doit toujours se penser au service des autres, pour établir le royaume de Dieu. Il y a de très nombreuses initiatives de l’Église pour les plus pauvres : Caritas, œuvres paroissiales, communautés religieuses, écoles, etc. La paroisse peut être alors un espace « refuge » dans les difficultés. Mais comment œuvrer pour une plus grande attention aux personnes exclues et en difficultés afin de les intégrer ? Comment permettre l’écoute des personnes les plus vulnérables, au-delà des oppositions des différents groupes. Comment l’Église peut-elle s’adresser au plus grand nombre en prenant soin tout autant de ses membres qui souffrent, des marocains qui nous accueillent que des migrants nombreux à passer au Maroc.

C’est ici que se pose la question de l’investissement de chacun, personnellement à cette mission de service de l’Église. Comment faire en sorte que le plus grand nombre ne soit pas seulement consommateur de l’Église mais acteur de sa vie de charité ?

  1. Une Église en mission Allez dans le monde entier. Proclamez la bonne nouvelle à toute la création. Mc, 16, 15: Chacun peut faire de sa vie un témoignage des bienfaits de Dieu dans le monde. C’est ainsi se poser la question Comment vivre en chrétien dans ce pays musulman qui nous accueille ? Comment aller à la rencontre des musulmans, mais aussi des protestants et des autres ? S’il y a des institutions qui travaillent cela (Al Mowafaqa en particulier) ou des moments plus propices (Noël, Ramadan, etc), le dialogue reste souvent trop pauvre et trop rare ? Comment penser notre place dans cette société et qu’est-ce qu’il est possible de faire pour la facilité (ex. de l’apprentissage de l’arabe.)

Conclusion : Cette première étape du synode a été très forte car, elle a permis à tous de découvrir la richesse et la diversité du diocèse de Rabat, tout ce qui se fait déjà. Elle a été aussi, sous l’inspiration de l’Esprit saint, la découverte d’un chemin commun possible et concret dans les paroisses. Tout cela a conduit chacun des membres à réfléchir au sens et à la place de l’Église au Maroc, ce qui a permis de dégager les thématiques qui seront approfondies maintenant.

Le Secrétariat général