
+Cristóbal, Cardinal López Romero, sdb
Archevêque de Rabat
Rabat, le 8 mai 2023
Chers frères et sœurs, chers amis du diocèse de Rabat.
Nous voici déjà en chemin depuis deux années, vivant l’expérience d’une marche ensemble, laissant l’Esprit de Dieu nous aider à discerner ce que doit être notre Eglise au milieu du monde marocain.
Le synode que nous vivons est unique, parce que c’est le nôtre. Grâce à lui des personnes qui vivaient dans la même paroisse, venant de différentes cultures, venant célébrer l’eucharistie ensemble le dimanche, se sont enfin rencontrées, se sont parlé, se sont ouvertes l’une à l’autre, ont partagé leur foi, mais aussi leurs doutes, leurs attentes, leurs peurs, leurs espérances. Cette ouverture s’est veule également dans les visitations entre paroisses, mais aussi avec nos frères et sœurs marocains ou protestants. Nous avons pris conscience d’être avant tout une Eglise de la rencontre et de la communion.
Nous sommes en train de vivre une belle aventure dans notre Eglise, une aventure, qui nous apprend et qui nous forme, qui continue d’appeler à la participation de tous pour faire vivre notre Eglise à la suite du Christ et de sa Parole.
Maintenant, après nous être rencontrés et parlés, après avoir prié ensemble et nous être ouverts à la parole de Dieu, après avoir franchi nos peurs et nous être laissé déplacer, il faut songer à atterrir, pas seulement rêver ensemble, mais retenir quelques propositions concrètes à partir des « dynamiques » qui nous ont mobilisés.
La dernière assemblée synodale au niveau du diocèse a pris en compte déjà vos propositions et les ont encore enrichies, donnant même des pistes pour structurer notre Eglise à partir de vos attentes. Ce travail vous est présenté dans les pages qui suivent.
Ces « dynamiques » et propositions vous sont présentées dans cc document de travail. Elles disent le chemin parcouru et le désir d’une Eglise qui s’enracine en terre marocaine, qui partage avec tous, qui s’intéresse à tous, qui continue d’aller à la rencontre à la manière de Jésus.
Avant l’été, il est bon que tous ceux qui sont « en chemin », se réapproprient les fruits de ce qui s’est vécu dans toutes les paroisses et les propositions qui s’en sont dégagées. Prenez le temps de lire ce livret et de partager en paroisse. Vous pourrez encore en ajouter l’une ou l’autre proposition, si vous pensez qu’elle aurait été oubliée et qu’elle serait vitale pour la vie de notre Eglise. Vous pourrez dire aussi quelles sont les propositions à privilégier, à mettre en œuvre ensemble rapidement.
Ensuite, l’été permettra de structurer le texte définitif, et à l’automne, « si Dieu le veut », comme l’expriment quotidiennement nos frères et sœurs marocains, nous pourrons rendre grâce ensemble de tout ce chemin parcouru et nous saisir des Orientations pour notre Eglise.
S’il faut atterrir maintenant, ce n’est qu’une escale, après il faudra continuer le chemin, prenant acte des ouvertures à vivre, mettant en œuvre partout dans le diocèse ces Orientations, qui seront autant d’outils et d’impulsions, pour que notre Eglise soit celle du Christ en terre marocaine
Je fais mienne cette parole de l’un d’entre nous « L’Eglise que je veux c’est celle qui reste dans cette démarche synodale, celle qui dorme la voix aux autres in Faites-la vôtre aussi Que l’Esprit synodal soit celui qui mène notre Eglise. Aujourd’hui et demain : la participation de tous, la communion et une fraternité vécue entre tous.
Allons de l’avant, le Christ nous précède, son Esprit vivant nous tire en avant, nous pousse aussi. Le Royaume de Dieu est déjà au milieu de nous, la Résurrection de Jésus en est le signe et notre Eglise aussi !
A- INTRODUCTION : DE L’EXPÉRIENCE SYNODALE À L’ÉGLISE SYNODALE
Les disciples d’Emmaüs – Lc 24,13-36
Le même jour, deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient entre eux de tout ce qui s’était passé. Or, tandis qu’ils s’entretenaient et s’interrogeaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux. Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. Jésus leur dit : « De quoi discutez-vous en marchant ? » Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes. L’un des deux, nommé Cléophas, lui répondit : « Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem qui ignore les événements de ces jours-ci. » Il leur dit : « Quels événements ? »
Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth, cet homme qui était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple : comment les grands prêtres et nos chefs l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié. Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël. Mais avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé. À vrai dire, des femmes de notre groupe nous ont remplis de stupeur. Quand, dès l’aurore, elles sont allées au tombeau, elles n’ont pas trouvé son corps ; elles sont venues nous dire qu’elles avaient même eu une vision : des anges, qui disaient qu’il est vivant. Quelquesuns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu. »
Il leur dit alors : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? » Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait.
Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin. Mais ils s’efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux. Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. Ils se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? »
À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent : « Le Seigneur est réellement ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. » À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain. Comme ils en parlaient encore, lui-même fut présent au milieu d’eux, et leur dit : « La paix soit avec vous ! »
Depuis deux ans, nous vivons un Synode, une marche ensemble, à l’écoute de l’Esprit pour discerner ce qu’il convient de vivre, de convertir, de proposer pour notre Église : A la suite du Christ, quelle Église pour le diocèse de Rabat aujourd’hui ?
Tandis qu’ils s’entretenaient et s’interrogeaient, Jésus lui-même s’approcha et il marchait avec eux. Lc 24, 15
La troisième étape de la démarche synodale proposait la constitution de groupes de réflexion autour de 4 thématiques :
- Une Église de passagers.
- Avec les plus vulnérables.
- Chrétiens avec les musulmans/marocains au Maroc.
- Avec les autres confessions chrétiennes.
La participation est restée soutenue même si nous aurions souhaité que la grande diversité de nos communautés soit plus représentée dans les groupes.
Nous pouvons constater des déplacements importants. Au risque de caricaturer, en début de parcours, les préoccupations et attentes exprimées étaient essentiellement centrées sur les besoins à l’interne : – Une Église qui prend soin de ses fidèles plutôt qu’une Église en sortie, ouverte à tous.
- Une Église qui vit la diaconie en priorité pour ses membres plutôt qu’envers les autres (marocains, migrants).
- Une Église préoccupée de son identité et frileuse dans la rencontre et le dialogue avec les autres (marocains, autres confessions chrétiennes).
- Une Église qui aide, accompagne et assiste ses membres mais sans que ces derniers soient vraiment acteurs et engagés.
Dans la méditation et le partage de la Parole de Dieu, dans nos rencontres et échanges, en groupes paroissiaux ou dans les assemblées synodales, dans les visitations que nous avons pu vivre entre paroisses, mais aussi avec nos frères et sœurs marocains ou protestants, il nous a été donné de vivre un chemin d’ouverture à l’autre, une expérience d’Église en Synode.
4 grandes « dynamiques » fondamentales se dessinent dans les expressions des groupes et dans le compte-rendu de leur travail autour des quatre thématiques évoquées ci-dessus ; « dynamiques » qui expriment à la fois l’expérience ecclésiale que les participants ont vécue au cours du Synode et le visage d’Église de Rabat qu’ils désirent et qu’ils sentent que le Seigneur attend de nous aujourd’hui. Résumées dans les quelques lignes qui suivent, elles seront détaillées dans les 4 parties du document.
Chemin faisant, dans la rencontre et le partage de nos histoires personnelles, de nos aspirations, de nos appels, de nos préoccupations, dans une écoute réciproque, nous avons découvert une Église Famille, une Église de la Rencontre, une Église Communion.
« J’ai remarqué que des gens qui ne se sont jamais parlé se sont ouverts pour raconter leur expérience. »[1]
« Le Synode nous a permis de briser la glace de l’éloignement, d’apprendre à nous connaître, et de nous rapprocher pour faire chemin ensemble dans la fraternité. »
[1] Les mots en italique et entre guillemets sont les paroles exprimées dans les dfférents groupes de la démarche synodale par les participants
Chemin faisant, en partageant nos inquiétudes, nos peurs, nos réticences, à la rencontre et au dialogue avec les croyants d’autres religions, d’autres confessions, nous avons pu nommer nos difficultés, nos préjugés, et nous laisser toucher, bousculer, déplacer pour décrire la vie et la mission de l’Église de Rabat en termes de sortie, d’ouverture à l’autre, à tous, de compassion et de sollicitude, de respect et de bienveillance.
« Une Église qui accompagne tout le monde. »
« Une Église proche qui va à la rencontre. »
« Une simple présence fondée sur le respect, l’humilité la bienveillance, le service. »
« Apprendre la langue, mieux connaître les traditions, la religion des Marocains et la culture du peuple qui nous accueille. »
Chemin faisant, nous avons pris conscience de la réalité de notre Église, de sa grande diversité, de ses atouts, de ses grâces et de ses fragilités, de son environnement, et de sa mission. Nous avons pu prendre des responsabilités dans la démarche synodale ; nous avons été appelés, nous avons pu nous engager et y prendre une part active, dans la réflexion et le discernement, découvrant une Église qui appelle à la participation de tous et à l’engagement de ses membres.
« On a vu des chrétiens très contents de se sentir considérés. Le Synode a été salué par tous car c’est déjà bon de se sentir inclus en tant que laïc pour discuter des projets de l’Église. » « Les participants ont été ravis de savoir que leurs avis comptent. »
Chemin faisant, nous avons grandi humainement et spirituellement, dans une Église qui apprend et qui se forme.
« J’ai surmonté ma timidité. »
« Une Église de passagers, c’est une Église qui forme les croyants pour qu’ils puissent être des serviteurs dans le monde. »
« Je souhaite continuer à me former à la lecture de la Bible, j’ai découvert la lectio divina. »
Les différents comptes-rendus des groupes expriment fortement la joie de s’être engagés dans ce chemin synodal. Cela a permis de vivre une expérience spirituelle forte, de vivre et de découvrir l’Église autrement.
Le Synode a mis en acte un visage de l’Église au Maroc qui est tout à la fois une réalité, un don mais aussi une promesse, un appel, un à-venir. La démarche synodale a mis en acte ce que nous voulons pour notre Église. À la suite du Christ, quelle Église pour le Diocèse de Rabat aujourd’hui ?
« L’Église que je veux, c’est celle qui reste dans cette démarche synodale, celle qui donne la voix aux autres. »
Notre cœur n’était-il pas tout brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? Lc 24, 32
B- DYNAMIQUE N°1 : À LA SUITE DU CHRIST, UNE ÉGLISE DE LA RENCONTRE ET DE LA COMMUNION
Pierre et Corneille – Ac 10,1-48
Il y avait à Césarée un homme du nom de Corneille, centurion de la cohorte appelée Italique. C’était quelqu’un de grande piété qui craignait Dieu, lui et tous les gens de sa maison ; il faisait de larges aumônes au peuple juif et priait Dieu sans cesse. Vers la neuvième heure du jour, il eut la vision très claire d’un ange de Dieu qui entrait chez lui et lui disait : « Corneille ! » Celui-ci le fixa du regard et, saisi de crainte, demanda : « Qu’y a-t-il, Seigneur ? » L’ange lui répondit : « Tes prières et tes aumônes sont montées devant Dieu pour qu’il se souvienne de toi. Et maintenant, envoie des hommes à Jaffa et fais venir un certain Simon surnommé Pierre : il est logé chez un autre Simon qui travaille le cuir et dont la maison est au bord de la mer. » Après le départ de l’ange qui lui avait parlé, il appela deux de ses domestiques et l’un des soldats attachés à son service, un homme de grande piété. Leur ayant tout expliqué, il les envoya à Jaffa.
Le lendemain, tandis qu’ils étaient en route et s’approchaient de la ville, Pierre monta sur la terrasse de la maison, vers midi, pour prier. Saisi par la faim, il voulut prendre quelque chose. Pendant qu’on lui préparait à manger, il tomba en extase. Il contemplait le ciel ouvert et un objet qui descendait : on aurait dit une grande toile tenue aux quatre coins, et qui se posait sur la terre. Il y avait dedans tous les quadrupèdes, tous les reptiles de la terre et tous les oiseaux du ciel. Et une voix s’adressa à lui : « Debout, Pierre, offre-les en sacrifice, et mange ! » Pierre dit : « Certainement pas, Seigneur ! Je n’ai jamais pris d’aliment interdit et impur ! » À nouveau, pour la deuxième fois, la voix s’adressa à lui : « Ce que Dieu a déclaré pur, toi, ne le déclare pas interdit. » Cela se produisit par trois fois et, aussitôt après, l’objet fut emporté au ciel.
Comme Pierre était tout perplexe sur ce que pouvait signifier cette vision, voici que les envoyés de Corneille, s’étant renseignés sur la maison de Simon, survinrent à la porte. Ils appelèrent pour demander : « Est-ce que Simon surnommé Pierre est logé ici ? » Comme Pierre réfléchissait encore à sa vision, l’Esprit lui dit : « Voilà trois hommes qui te cherchent. Eh bien, debout, descends, et pars avec eux sans hésiter, car c’est moi qui les ai envoyés. » Pierre descendit trouver les hommes et leur dit : « Me voici, je suis celui que vous cherchez. Pour quelle raison êtes-vous là ? » Ils répondirent : « Le centurion Corneille, un homme juste, qui craint Dieu, et à qui toute la nation juive rend un bon témoignage, a été averti par un ange saint de te faire venir chez lui et d’écouter tes paroles. » Il les fit entrer et leur donna l’hospitalité. Le lendemain, il se mit en route avec eux ; quelques frères de Jaffa l’accompagnèrent. Le jour suivant, il entra à Césarée. Corneille les attendait, et avait rassemblé sa famille et ses amis les plus proches. Comme Pierre arrivait, Corneille vint à sa rencontre et, tombant à ses pieds, il se prosterna. Mais Pierre le releva en disant : « Lève-toi. Je ne suis qu’un homme, moi aussi. » Tout en conversant avec lui, il entra et il trouva beaucoup de gens réunis. Il leur dit : « Vous savez qu’un Juif n’est pas autorisé à fréquenter un étranger ni à entrer en contact avec lui. Mais à moi, Dieu a montré qu’il ne fallait déclarer interdit ou impur aucun être humain. C’est pourquoi, quand vous m’avez envoyé chercher, je suis venu sans réticence. J’aimerais donc savoir pour quelle raison vous m’avez envoyé chercher. »
Corneille dit alors : « Il y a maintenant quatre jours, j’étais en train de prier chez moi à la neuvième heure, au milieu de l’après-midi, quand un homme au vêtement éclatant se tint devant moi, et me dit : « Corneille, ta prière a été exaucée, et Dieu s’est souvenu de tes aumônes. Envoie donc quelqu’un à Jaffa pour convoquer Simon surnommé Pierre ; il est logé chez un autre Simon qui travaille le cuir et dont la maison est au bord de la mer. » Je t’ai donc aussitôt envoyé chercher, et toi, en venant, tu as bien agi. Maintenant donc, nous sommes tous là devant Dieu pour écouter tout ce que le Seigneur t’a chargé de nous dire. »
Alors Pierre prit la parole et dit : « En vérité, je le comprends, Dieu est impartial : il accueille, quelle que soit la nation, celui qui le craint et dont les œuvres sont justes. Telle est la parole qu’il a envoyée aux fils d’Israël, en leur annonçant la bonne nouvelle de la paix par Jésus Christ, lui qui est le Seigneur de tous. Vous savez ce qui s’est passé à travers tout le pays des Juifs, depuis les commencements en Galilée, après le baptême proclamé par Jean : Jésus de Nazareth, Dieu lui a donné l’onction d’Esprit Saint et de puissance. Là où il passait, il faisait le bien et guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du diable, car Dieu était avec lui. Et nous, nous sommes témoins de tout ce qu’il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. Celui qu’ils ont supprimé en le suspendant au bois du supplice, Dieu l’a ressuscité le troisième jour. Il lui a donné de se manifester, non pas à tout le peuple, mais à des témoins que Dieu avait choisis d’avance, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts. Dieu nous a chargés d’annoncer au peuple et de témoigner que lui-même l’a établi Juge des vivants et des morts. C’est à Jésus que tous les prophètes rendent ce témoignage : Quiconque croit en lui reçoit par son nom le pardon de ses péchés. »
Pierre parlait encore quand l’Esprit Saint descendit sur tous ceux qui écoutaient la Parole. Les croyants qui accompagnaient Pierre, et qui étaient juifs d’origine, furent stupéfaits de voir que, même sur les nations, le don de l’Esprit Saint avait été répandu. En effet, on les entendait parler en langues et chanter la grandeur de Dieu. Pierre dit alors : « Quelqu’un peut-il refuser l’eau du baptême à ces gens qui ont reçu l’Esprit Saint tout comme nous ? » Et il donna l’ordre de les baptiser au nom de Jésus Christ. Alors ils lui demandèrent de rester quelques jours avec eux.
Une Église de la rencontre et de la communion entre ses membres et allant vers les autres confessions chrétiennes et vers les musulmans, dans la société dans laquelle elle est plongée.
Le Synode nous a permis de faire le constat des grands défis qui marquent le diocèse de Rabat : danger du communautarisme, solitude de nombreux chrétiens, incompréhension et rejet du monde qui les entoure.
L’expérience vécue pendant le Synode nous a fait toucher que nous sommes appelés à la rencontre et au dialogue, à devenir une famille et à entrer dans une réelle convivialité avec les autres, à nous ouvrir et à aller vers tous les autres.
La rencontre de Pierre et du centurion Corneille (Ac 10) qui a ouvert le chemin synodal nous apparaît comme le modèle de ce que le Seigneur nous appelle à vivre, en nous laissant rejoindre et en rejoignant, en entrant dans une relation de reconnaissance réciproque et de partage sur l’essentiel, en étant une bénédiction pour l’autre et en recevant de lui un stimulant pour notre foi.
Pour grandir dans cette Église-communion, trois axes nous semblent prioritaires :

1. Aller vers l’autre : le défi propre de l’interculturalité,
Aller vers l’autre apparaît comme un élément essentiel de notre identité de disciples, que l’autre appartienne à notre communauté, qu’il reste en marge ou qu’il soit d’une autre Église, d’une autre religion ou qu’il ne croie pas en Dieu. Pour Pierre, tout un travail de dépassement de ses peurs et de ses préjugés a été opéré sous l’action de l’Esprit Saint. Le même travail a été engagé dans les groupes synodaux. Il doit continuer et être proposé à tous, nous aidant à vivre cette caractéristique fondamentale de notre Église qu’est l’interculturalité, à l’intérieur comme avec l’extérieur.
Proposition B-1-1 : Créer une équipe diocésaine chargée de stimuler le travail sur l’interculturalité dans la logique initiée par le Synode (en interne à l’Église, avec les Marocains et avec les autres confessions chrétiennes).
Proposition B-1-2 : Un groupe travaille sur l’accueil des Marocains qui se rapprochent de l’Église et qui voudraient mieux connaître le Christ. Ce groupe proposera des repères pastoraux pour l’accompagnement de ces « nouveaux disciples ».
2. Partager et échanger
On parle de la rencontre de Pierre et de Corneille mais, en fait, aucun des deux n’intervient jamais seul : ce sont des groupes et des familles qui se rencontrent et auxquels l’Esprit Saint donne de pouvoir « faire Église » dans une nouveauté radicale. Les groupes synodaux ont été unanimes quant à l’importance de développer des lieux de partage et d’interconnaissance au niveau local, que ce soit au sein de l’Église, avec les autres confessions chrétiennes ou avec les musulmans. Là aussi, comme le notait un groupe, « se fera l’Église ».
NOS COMMUNAUTES DEVRONT DONC CONTINUER A SE NOURRIR CONJOINTEMENT ET DE LA CELEBRATION DES SACREMENTS ET DE RENCONTRES REGULIERES ET CONVIVIALES OU CHACUN SE MET A L’ECOUTE DE L’AUTRE, CHERCHANT ENSEMBLE A MIEUX COMPRENDRE LE MONDE D’AUJOURD’HUI, DONT CE PAYS DU MAROC ET SES ATTENTES […]
PAS DE RENCONTRE SANS PRIER ENSEMBLE ET SE METTRE SOUS LE REGARD ET A L’ECOUTE DE DIEU, SI NOUS VOULONS DISCERNER ET FAIRE SA VOLONTE, PAS D’ECHANGES ET DE REFLEXIONS SUR NOTRE VIE ET CELLE DU MONDE, SANS NOUS APPUYER SUR LA PAROLE DE DIEU ET LAISSER L’ESPRIT NOUS INSPIRER CE QUI CONVIENT POUR NOTRE VIE D’AUJOURD’HUI, ICI AU MAROC.(Lettre au peuple de Dieu n°18)
Ces lieux de rencontre régulière à l’intérieur de l’Église doivent permettre de partager nos expériences de vie et de foi quelles que soient nos origines ou nos situations au Maroc. La Parole de Dieu y tient une place centrale.
Proposition B-2-1 : Créer des journées trimestrielles de fraternité ou d’autres formes de groupes de partage ponctuels ou suivis, entre communautés au sein de l’Église et avec l’extérieur, au niveau paroissial et au niveau régional.
Proposition B-2-2 : Œuvrer à une meilleure connaissance de la vie consacrée, de son sens et de ses missions au niveau des paroisses.
Ces lieux de rencontre doivent aider à développer avec les autres (autres chrétiens, musulmans) des valeurs communes et à travailler ensemble sur les problèmes sociaux, sur l’écologie ou sur les valeurs essentielles dans le monde professionnel. Cela ne peut passer que par l’amitié, la patience et l’attention à l’autre, tout cela dans un esprit de profonde gratuité.
Proposition B-2-3 : Inviter l’autre à nos activités et nous laisser inviter.
Proposition B-2-4 : Collaborer avec les institutions marocaines.
Ces lieux de rencontre doivent permettre non plus seulement de vivre parmi les Marocains ou à côté d’autres chrétiens même catholiques, mais avec eux, en sachant reconnaître leurs qualités et s’en enrichir : fidélité de la pratique religieuse des musulmans, rapport à la Parole de Dieu et accompagnement des fidèles des protestants, richesse des autres cultures parmi les catholiques par exemple.
3. Intégrer la communion dans nos structures :
La paroisse est un lieu essentiel où se concentrent les activités et les rencontres. Pour grandir en communion, il apparaît aussi nécessaire :
De promouvoir les Communautés Ecclésiales de Base (CEB) où des échanges plus fréquents et réguliers peuvent se développer : partages, prières, enseignements….
De soigner particulièrement l’accueil et l’intégration des nouveaux arrivants dans la communauté afin qu’ils puissent rapidement trouver leur place (certains « regrettent ainsi un accueil froid, peu convivial et finalement décevant si ce n’est inexistant »). Ceci pourra se faire à travers des parrainages, des temps de formation et d’intégration, autour de l’expérience des plus anciens, par la mise en place d’une charte expliquant l’esprit dans lequel vit l’Église au Maroc et par le suivi des nouveaux.
Proposition B-3-1 : Créer des groupes d’accueil dans chaque paroisse.
De veiller à ce que la diversité structurelle qui structure notre Église soit respectée à tous les niveaux. Les étudiants représentent la grande majorité des catholiques mais ils ne sont pas les seuls.
Proposition B-3-2 : Développer les propositions destinées à ceux qui font le choix de rester au Maroc (généralisation de l’Association des Jeunes Professionnels et accompagnement des familles notamment).
Proposition B-3-3 : Être attentif à ceux qui n’appartiennent pas à des mouvements au sein des paroisses : il s’agit aussi qu’ils puissent avoir leur place.
Proposition B-3-4 : Assurer que la diversité de la communauté soit représentée dans les différents conseils (paroissiaux et diocésains).
C- DYNAMIQUE N°2 À LA SUITE DU CHRIST, UNE ÉGLISE SAMARITAINE
Le bon Samaritain- Lc 10,25-37
Et voici qu’un docteur de la Loi se leva et mit Jésus à l’épreuve en disant : « Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » Jésus lui demanda : « Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit ? Et comment lis-tu ? » L’autre répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même. » Jésus lui dit : « Tu as répondu correctement. Fais ainsi et tu vivras. »
Mais lui, voulant se justifier, dit à Jésus : « Et qui est mon prochain ? » Jésus reprit la parole : « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba sur des bandits ; ceux-ci, après l’avoir dépouillé et roué de coups, s’en allèrent, le laissant à moitié mort. Par hasard, un prêtre descendait par ce chemin ; il le vit et passa de l’autre côté. De même un lévite arriva à cet endroit ; il le vit et passa de l’autre côté. Mais un Samaritain, qui était en route, arriva près de lui ; il le vit et fut saisi de compassion. Il s’approcha, et pansa ses blessures en y versant de l’huile et du vin ; puis il le chargea sur sa propre monture, le conduisit dans une auberge et prit soin de lui. Le lendemain, il sortit deux pièces d’argent, et les donna à l’aubergiste, en lui disant : « Prends soin de lui ; tout ce que tu auras dépensé en plus, je te le rendrai quand je repasserai. »
Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ? » Le docteur de la Loi répondit : « Celui qui a fait preuve de pitié envers lui. » Jésus lui dit : « Va, et toi aussi, fais de même. »
Une Église compassion, d’attention les uns aux autres quels qu’ils soient.
Le Synode nous a permis de faire le constat des grands défis qui marquent l’Église du diocèse de Rabat : voir en chacun son prochain, élargir la diaconie actuelle, qui est aujourd’hui ciblée sur une certaine population selon l’historique des paroisses, selon des initiatives locales. Cette diaconie est aujourd’hui souvent principalement matérielle.
L’expérience vécue pendant le Synode a permis un changement de regard à la fois sur les nombreuses situations de précarité et sur le fait que cette vulnérabilité est universelle. Certains groupes synodaux ont parlé de « réveil ».
La charité fraternelle est appelée à devenir « interne » et « externe » :
Pour tous, sans catégorie ;
Par tous, pas seulement par des spécialistes mais par l’action de tous, même minime ;
Et en tout, pas uniquement par des dons matériels mais également par un accompagnement spirituel, psychologique, affectif.
Le bon Samaritain (Lc 10), saisi de compassion devant l’homme laissé à moitié mort par des bandits, nous apparaît comme un modèle de ce que le Seigneur nous appelle à vivre, en voyant chacune de nos rencontres au Maroc, dans l’Église et à l’extérieur de l’Église, comme une rencontre avec notre prochain. Avec lui, faisons de notre Église un refuge, un lieu d’écoute, d’accompagnement, humain et consolant, où chacun trouve sa place.
Pour grandir dans cette Église-compassion, trois axes nous semblent prioritaires :
1- Ouvrir les yeux sur les situations de précarité autour de nous, au sein de notre Église comme au sein d’une famille et à l’extérieur. Les groupes synodaux ont souhaité que la diaconie soit élargie à tous nos prochains : migrants, étudiants et non-étudiants, malades et personnes seules, enfants, jeunes et personnes âgées, marocains et marocaines, prisonniers… et que chacun prenne l’habitude de considérer la situation de l’autre. Nous sommes tous vulnérables, nous avons tous besoin des autres et aider les autres c’est se découvrir vulnérable aujourd’hui ou demain.
« Savoir se mettre à la place de l’autre – Arriver à détecter, déceler des problèmes par l’écoute – Répandre la joie – Prier également pour ceux qui en ont besoin – Trouver sa joie dans le fait de donner. »
« Étant tous vulnérables par notre fragilité, nous devons apprendre à témoigner de la charité aux autres dans une attitude d’humilité, de responsabilité et de sincérité. »
« Nous devons accepter la différence et combattre l’indifférence. Nous sommes une Église
Universelle et nos différences sont le signe de la présence de Dieu. »
Proposition C-1-1 : Mettre en place des équipes d’écoute pour accueillir, aller à la rencontre, écouter, identifier les besoins. Ces équipes intégreront des personnes ayant déjà vécu les principales formes de vulnérabilité rencontrées au Maroc (migration, études au Maroc, marocains…).
Proposition C-1-2 : Rester vigilant à ce que les actions d’aide proposées soient ouvertes au plus grand nombre de personnes.
Proposition C-1-3 : Collaborer avec les structures marocaines d’aide aux vulnérables.
2- Accueillir, écouter, accompagner et pas seulement distribuer des biens matériels. Tous les groupes synodaux ont insisté sur le fait que chacun peut aider son prochain même sans argent, en tendant l’oreille, en écoutant, en cherchant à comprendre, en souriant, en parlant, en priant.
« Longtemps dans notre société nous avons choisi de limiter l’assistance à l’autre au matériel. L’encyclique du Pape François nous rappelle l’importance de la santé mentale et spirituelle au même niveau que celle matérielle. »
« Venir en aide n’est pas qu’une question de matériel, il faut parfois simplement écouter et comprendre. Un sourire, un mot, une phrase peuvent parfois tout changer. » « Aider n’est pas seulement donner du temps, c’est aussi donner de l’espérance. »
Proposition C-2-1 : Développer un accompagnement humain, social, psychologique, intellectuel et spirituel (avec la mise en place d’une pastorale des migrants notamment). Identifier les personnes avec les compétences permettant de réaliser ces accompagnements.
Proposition C-2-2 : Pour une Église du pardon, réaliser un travail de formation sur le sacrement de réconciliation.
3- Structurer l’aide pour permettre aux cellules d’écoute de savoir où et comment répondre à une demande d’aide, à un besoin identifié.
Proposition C-3-1 : Étendre Caritas à chaque paroisse, avec un rôle fédérateur, mobilisateur et intégrer un représentant de Caritas à chaque CEB.
Proposition C-3-2 : Améliorer la communication sur ce que fait l’Église, ses membres ou les associations marocaines pour que les gens puissent s’intégrer et trouver leur place.
D- DYNAMIQUE N°3 À LA SUITE DU CHRIST, UNE ÉGLISE DE LA PARTICIPATION ET DE L’ENGAGEMENT
L’appel des premiers disciples – Mc 1,16-20 et 2,14
Passant le long de la mer de Galilée, Jésus vit Simon et André, le frère de Simon, en train de jeter les filets dans la mer, car c’étaient des pêcheurs. Il leur dit : « Venez à ma suite. Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. » Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent. Jésus avança un peu et il vit Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans la barque et réparaient les filets. Aussitôt, Jésus les appela. Alors, laissant dans la barque leur père Zébédée avec ses ouvriers, ils partirent à sa suite. (…)
En passant, il aperçut Lévi, fils d’Alphée, assis au bureau des impôts. Il lui dit : « Suis-moi. » L’homme se leva et le suivit.
L’engagement et la participation de tous dépendent, ultimement, de la décision et des choix de chacun. Mais comment l’Église peut-elle inciter et donner envie à tous de s’engager ? Quelles structures seraient à même de susciter cet engagement et permettraient de le faire durer ? (Mc 1, 1620 et 2, 14)
Le Synode a été pour de nombreux participants l’expérience d’un passage d’une attitude de consommation, d’attente et de demande face à l’Église à une prise de conscience de la nécessité de l’engagement de chacun comme membre de l’Église qui prend soin de tous et va vers les autres. L’Église ne peut prendre soin de nous que si certains membres le font concrètement et si elle prend soin de nous, il nous appartient, à notre tour, de prendre notre part ! « N’allons pas seulement à la messe, soyons acteurs ! »
Cette nécessité de l’engagement a souvent été vue à la suite de Jésus :
« Le Christ nous invite à se mettre au service des autres dans l’humilité, l’amour à s’accepter et à se servir les uns les autres. Le but n’est pas seulement de le savoir, mais de pratiquer sans distinction de race ou de rang social. »
« Lorsque nous rendons service aux personnes vulnérables, nous devons garder à l’esprit que nous le faisons pour Dieu. »
Elle est aussi le résultat de l’expérience concrète de l’engagement dans les activités du Synode par exemple lors des rencontres dans les paroisses ou lors des lectio divina où les participants ont été nombreux à dire leur joie d’avoir été acteurs de ces rencontres. La même joie a été dite après les visitations.
La conviction donnée par de très nombreux retours est qu’il faut proposer cet engagement au plus grand nombre, parce que la mission est immense, au service de la communion, à l’intérieur même de nos communautés, vers les plus vulnérables, les autres confessions chrétiennes ou encore les marocains qui nous accueillent. Nombreux sont les textes des Évangiles où le Christ appelle, à sa suite, les uns et les autres à de nombreuses missions différentes et pendant le Synode, beaucoup se sont interrogés sur la situation singulière d’être chrétiens au Maroc :
« Les participants ont pleinement conscience du fait que leur présence au Maroc n’est certainement pas due au hasard. Tous en mission, envoyés par Dieu, ayant laissé derrière eux une famille, un pays, tous responsables de construire et faire vivre l’Église de Dieu, quel que soit notre âge (y compris les enfants), et indépendamment de la durée de notre séjour. Notre présence au Maroc aujourd’hui est une réponse à un appel de Dieu. »
Le Synode a été un moment où beaucoup ont pris conscience de cette belle exigence de cohérence chrétienne et que notre présence au Maroc était une grâce tant les opportunités de se mettre au service sont grandes et étendues.
Pour grandir dans cette Église de la participation et de l’engagement, quatre axes nous semblent prioritaires :
1. Les conseils.
Proposition D-1-1 :
Généraliser dans toutes les paroisses la présence de 3 conseils (pastoral, diaconal et économique). Le conseil chargé de la diaconie (dimension samaritaine de l’Église) centralisera et structurera l’attention et le soin de la communauté envers ses membres les plus vulnérables, les migrants, les prisonniers et les Marocains en difficulté. Les missions des différents conseils seront précisées au niveau diocésain et adaptées localement. Elles comprendront deux dimensions principales : le conseil (du pasteur) et l’animation.
Proposition D-1-2 :
Favoriser un lien régulier entre les différents conseils paroissiaux et diocésains. La mission des conseils diocésains sera précisée (avec notamment le rôle d’animation et de soutien des instances diocésaines sur les structures paroissiales).
Proposition D-1-3 :
Introduire la culture du suivi, de l’évaluation et du passage de relais au niveau de toutes les activités pastorales.
Proposition D-2-1 : Chaque année, un thème diocésain sera proposé autour duquel s’organiseront les réflexions et les activités au niveau diocésain, régional et paroissial. Des supports (formation, rencontres, retraites…) seront proposés à tous autour de cette thématique.
Proposition D-2-2 : Chaque année, une journée synodale sera proposée au niveau diocésain et dans chaque paroisse.
3. La communication.
La communication est primordiale dans une Église synodale. De nombreux outils existent déjà (revue diocésaine, site internet, page facebook…) mais demandent à être évalués et adaptés aux nouveaux besoins, sachant que, dans tous les cas, c’est la capacité à faire vivre ces outils (au niveau diocésain et surtout paroissial) qui sera déterminante, impliquant de vrais choix et un engagement réel à tous les niveaux.
4. Laudato Si.
La prise en compte et le soin de la « maison commune » ne sauraient être une option pour notre Église. Dans l’esprit de l’encyclique « Laudato Si », il s’agit d’un chantier à ouvrir dans le diocèse.
E- DYNAMIQUE N°4 À LA SUITE DU CHRIST, UNE ÉGLISE QUI APPREND ET SE FORME
Jésus et la femme de Samarie Jn 4,5-42
Il arrive donc à une ville de Samarie, appelée Sykar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph. Là se trouvait le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la route, s’était donc assis près de la source. C’était la sixième heure, environ midi. Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l’eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. » – En effet, ses disciples étaient partis à la ville pour acheter des provisions. La Samaritaine lui dit : « Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » – En effet, les Juifs ne fréquentent pas les Samaritains. Jésus lui répondit : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : “Donne-moi à boire”, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. » Elle lui dit : « Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond. D’où as-tu donc cette eau vive ? Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, avec ses fils et ses bêtes ? » Jésus lui répondit : « Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ; mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. » La femme lui dit : « Seigneur, donne-moi de cette eau, que je n’aie plus soif, et que je n’aie plus à venir ici pour puiser. »
Jésus lui dit : « Va, appelle ton mari, et reviens. » La femme répliqua : « Je n’ai pas de mari. » Jésus reprit : « Tu as raison de dire que tu n’as pas de mari : des maris, tu en as eu cinq, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari ; là, tu dis vrai. » La femme lui dit : « Seigneur, je vois que tu es un prophète !… Eh bien ! Nos pères ont adoré sur la montagne qui est là, et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem. » Jésus lui dit : « Femme, crois-moi : l’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père. Vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs.
Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père. Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer. » La femme lui dit : « Je sais qu’il vient, le Messie, celui qu’on appelle Christ. Quand il viendra, c’est lui qui nous fera connaître toutes choses. » Jésus lui dit : « Je le suis, moi qui te parle. »
À ce moment-là, ses disciples arrivèrent ; ils étaient surpris de le voir parler avec une femme. Pourtant, aucun ne lui dit : « Que cherches-tu ? » ou bien : « Pourquoi parles-tu avec elle ? » La femme, laissant là sa cruche, revint à la ville et dit aux gens : « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? » Ils sortirent de la ville, et ils se dirigeaient vers lui.
Entre-temps, les disciples l’appelaient : « Rabbi, viens manger. » Mais il répondit : « Pour moi, j’ai de quoi manger : c’est une nourriture que vous ne connaissez pas. » Les disciples se disaient entre eux : « Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ? »
Jésus leur dit : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre. Ne dites-vous pas : « Encore quatre mois et ce sera la moisson ? » Et moi, je vous dis : Levez les yeux et regardez les champs déjà dorés pour la moisson. Dès maintenant, le moissonneur reçoit son salaire : il récolte du fruit pour la vie éternelle, si bien que le semeur se réjouit en même temps que le moissonneur. Il est bien vrai, le dicton : « L’un sème, l’autre moissonne. » Je vous ai envoyés moissonner ce qui ne vous a coûté aucun effort ; d’autres ont fait l’effort, et vous en avez bénéficié. »
Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus, à cause de la parole de la femme qui rendait ce témoignage : « Il m’a dit tout ce que j’ai fait. » Lorsqu’ils arrivèrent auprès de lui, ils l’invitèrent à demeurer chez eux. Il y demeura deux jours. Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de sa parole à lui, et ils disaient à la femme : « Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons : nous-mêmes, nous l’avons entendu, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde. »

Pour vivre de l’Esprit du Synode, notre Église au Maroc est appelée à se former, en particulier du fait de la pluralité des cultures de ses membres, de sa jeunesse, de la diversité des expériences ecclésiales qui ont façonné les uns et les autres, des échanges au quotidien avec des croyants d’autres confessions ou religions. Ces propositions de formation sont à penser à destination des étudiants nombreux, dans le cadre de l’AECAM mais aussi pour d’autres groupes qui émergent (jeunes professionnels, chrétiens enracinés depuis longtemps au Maroc, migrants, nouveaux disciples…)
La rencontre de Jésus avec la Samaritaine (Jn, 4) pourrait nous guider avec un chemin de formation qui permette la rencontre avec Jésus (faire l’expérience de Dieu, du Christ de l’Esprit), la prise en compte de notre spécificité au Maroc, l’invitation à des déplacements dans le dialogue avec la Parole de Dieu, l’ouverture à la mission pour une communauté qui a mis Jésus au centre…
Pour grandir, pour mieux aimer et s’engager, nous sommes invités à réfléchir à des propositions de formation dans au moins quatre directions :
1. Grandir dans l’écoute de l’Esprit Saint et des personnes, ainsi que dans l’accompagnement des personnes dans leurs vulnérabilités (meilleure compréhension de ce qu’elles vivent, acquisition de savoir-faire, formation professionnelle…)
Proposition E-1-1 : Formation à l’écoute.
2. Grandir dans la connaissance et la compréhension du pays qui nous accueille : sa culture, sa religion. Proposition E-2-1 : Formation à la connaissance de l’islam, à la culture marocaine, à la langue du pays.
3. Grandir dans l’intelligence de notre foi chrétienne avec une catéchèse réfléchie pour des adultes de différentes cultures vivant dans un environnement marqué par l’islam et la diversité des expressions de la foi chrétienne.
Proposition E-3-1 : Formation biblique, théologique, liturgique avec des propositions spécifiques autour de l’œcuménisme et du dialogue des cultures et des religions.
Proposition E-3-2 : Formation à la vie spirituelle (retraites, accompagnement, vie de prière et liturgique…)
4. Une structure au service de la formation dans le diocèse.
Proposition E-4-1 : Pour porter ces besoins de formation, une équipe diocésaine de formation sera composée, chargée de recenser les personnes-ressources, de faire des propositions et d’animer le réseau des paroisses.