MEDITERRANNEE 2024: RÉCIT D’UN QUASI PÈLERINAGE
Mi-septembre dernier, à l’initiative de l’Eglise catholique et suite à l’expérience de Marseille de l’année précédente, des jeunes du bassin méditerranéen, de différentes cultures et confessions se sont réunis à Tirana, en Albanie. Au menu : formation au dialogue interculturel et interreligieux, initiation aux processus de conciliation et de paix entre les pays de la Méditerranée, accroissement d’une conscience méditerranéenne ouverte, écologique et juste. Deux personnes du Maroc ont été retenues : Hamza Atlas, musulman d’Agadir et Annabelle, chrétienne de Casablanca. Hélas, en raison d’un visa de transit en aéroport manquant, Annabelle n’a pu faire le déplacement. Hamza Atlas témoigne.
Je m’appelle Hamza Atlas AATIQ, marocain, musulman et, avant tout, chercheur de vérité.
Acquis depuis le plus jeune âge aux idéaux d’unité et de fraternité humaines, ma curiosité envers l’autre a toujours été authentique, sincère et sans appréhension. C’est donc tout naturellement que je me suis empressé de saisir l’opportunité de prendre part à cette expérience interculturelle et interreligieuse.
Le MED 24 était une rencontre où une cinquantaine de jeunes de vingt-cinq nationalités de la Méditerranée et de la mer Noire participeront le temps d’une semaine à Tirana, en Albanie, à des rencontres de dialogues et d’échanges sous le thème « Pèlerins de l’espérance. Bâtisseurs de paix ». La perspective de rencontrer des jeunes de ma trempe était grisante, surréaliste même.
A l’annonce de ma future destination, mon entourage ne tarissait pas d’étonnement. Que pourrait-il se passer d’intéressant en Albanie ? Pourquoi l’Albanie ? Mais où se trouve l’Albanie ? Ces questions n’étaient pas sans fondement. Ce pays, à la réputation sulfureuse et niché au cœur des Balkans, a peu d’attraits pour nous autres nord-africains. Pour autant, l’Albanie m’a envoûté, m’a conquis et son souvenir m’obsède impérieusement.
Le programme, richement garni, alternait sessions de dialogue, découverte du pays et rencontres avec de hauts responsables politiques et dignitaires religieux. L’Albanie est unique, de par son douloureux passé, son aspiration à assainir sa gouvernance et la coexistence idéale qui rassemble chrétiens et musulmans. A ce propos, le Pape François a déclaré « Là-bas, ce n’est pas qu’ils se tolèrent, c’est qu’ils s’aiment ». Le peuple albanais est d’une amabilité qui n’a rien à envier à l’hospitalité marocaine. Quant aux participants, ces jeunes avides d’apprentissage et de partage, en majorité des européens mais pas seulement, ils ne manquaient ni de ressources, ni de bonne foi. Leur dévotion chrétienne n’a pas manqué de nous étonner, nous autres musulmans trop imbus de nos cinq prières par jour.
La semaine en Albanie était une succession de moments forts, je ne saurai les citer un à un. Cependant, je retiens très nettement notre séjour à Shkodra au nord-ouest du pays. Nous devions mener une mini retraite spirituelle. A l’invitation de l’animateur de la session, nous étions appelés à se retirer le temps d’une heure pour interroger notre cœur et notre raison, pour voir à quoi l’un et l’autre consonne. Forêt luxuriante aidant, je fondis littéralement dans ce décor et ressentis pleinement la joie du moment présent et la gratitude d’exister. Une révélation !
En Albanie, notre communion n’avait rien de présumé ou de supposé, elle était réelle et palpable. Nous étions frères et sœurs au sens plein, emplis d’une joie méconnue jusque-là, décidés à essaimer ce que nous avions, ensemble, reçus et partagés. Nous serons, inchallah, des prophètes de l’espérance et des instigateurs de paix. Puissions-nous les incarner et servir de bon exemple à notre retour au Maroc.
Qualifier le MED 24 de quasi pèlerinage n’a rien d’exagéré, car en Albanie, j’ai pu expérimenter la fraternité, la mansuétude et la paix qui prévalent à la Mecque.
Hamza Atlas AATIQ