+Cristóbal, Cardinal López Romero, sdb
Archevêque de Rabat
LETTRE AU PEUPLE DE DIEU Nº 21
« ANNONCER A TOUS LA JOIE DE L’EVANGILE »
Chers frères et sœurs, recevez mes salutations les plus cordiales depuis Rome, où nous sommes en pleine Assemblée Plénière du Synode, qui est la continuité de l’Assemblée d’octobre 2023.
Le Pape François, à l’homélie de la messe d’ouverture, ce mercredi 2 octobre, nous disait : « Mettons-nous en route avec le regard tourné vers le monde, parce que la communauté chrétienne est toujours au service de l’humanité, pour annoncer à tous la joie de l’Évangile ».
Je reprends ses paroles pour vous dire : notre Synode diocésain est fini, mais la synodalité reste ; il est l’heure de nous retrousser les manches pour continuer à construire le Royaume de Dieu, avec un enthousiasme redoublé, dans ce pays du Maroc qui nous accueille et qui est notre lieu de vie.
Aussi, au début de cette année pastorale 2024-2025 que nous commençons, et que les paroisses sont en train de lancer ou l’ont déjà fait, je m’adresse à vous tous pour nous encourager, vous et moi, à la mise en pratique des Orientations Pastorales issues de notre synode diocésain, avec l’objectif et la ferme intention, en le faisant, d’annoncer à tous la joie de l’Evangile.
1. DES ORIENTATIONS PASTORALES A PRIVILEGIER.
Le Conseil pastoral diocésain de février dernier a souhaité prioriser pour cette nouvelle année pastorale, la dimension interculturelle et interreligieuse de nos rencontres et de nos actions, ainsi que la fondation de Communautés Ecclésiales de Base. Mettons donc cela en œuvre ensemble.
Bien évidemment, chaque paroisse avec son Conseil pastoral local, peut réaliser en plus d’autres Orientations si elle le juge utile ou nécessaire. Par ailleurs, veillons à ce que toute Orientation qui est mise en œuvre soit appelée à durer.
1.1. PROMOUVOIR ET VIVRE LA RENCONTRE À TRAVERS LE DIALOGUE ŒCUMENIQUE ET ISLAMO-CHRETIEN
Une des Orientations Pastorales du Synode nous invite à être une Église de la rencontre, une Église en sortie vers l’autre, notamment vers celui qui est différent de nous, une Église missionnaire.
Pendant le Synode, certaines communautés ont déjà fait la joyeuse expérience de rencontrer des frères chrétiens non catholiques ou de partager des moments de fraternité avec des musulmans. Il faut continuer et foncer dans ce genre d’initiatives. Il ne faut pas attendre qu’on nous invite. Dieu fait toujours le premier pas pour venir vers nous et pour nous aimer, faisons de même.
Le Service Diocésain pour le Dialogue œcuménique, interculturel et interreligieux, est désormais constitué d’un petit, mais enthousiaste, groupe de chrétiens. Il est à votre disposition pour vous aider à prendre des initiatives et pour vous offrir des moments de formation à ce sujet. N’attendez pas forcément que le Service vous contacte : commencez à planifier des actions, il peut vous aider à les concevoir, même à distance.
Par ailleurs, dès cet automne, puis chaque mois, le Service ira à la rencontre des paroisses, à tour de rôle. Avec le prêtre responsable et le Conseil pastoral local, le Service proposera aux chrétiens de la paroisse, réflexion et formation pour aller de l’avant.
Et surtout, lisez tous l’entretien du père Christophe Roucou, dans les pages 8 à 11 du numéro d’automne de la revue Ensemble qui vient de paraître.
1.2. PROMOUVOIR ET GENERALISER LES COMMUNAUTES ECCLESIALES DE BASE (CEB)
Les CEB sont des « petites cellules d’Eglise, au plus proche des lieux d’habitat, lesquelles, à côté de l’Eucharistie du dimanche, se réuniront au minimum une fois par mois, pour partager les joies et les soucis de notre vie enracinée au Maroc à la lumière de l’Evangile, prier ensemble, se laisser enseigner par l’autre, s’engager dans des petits projets de solidarité… »
Voici la description que notre Synode fait des CEB ; c’est le moment d’appeler à les intégrer et à les organiser dans chaque paroisse. Elles concernent tous les chrétiens, de toutes nationalités et de tous âges. C’est une expérience à oser, de nous réunir en complément de l’eucharistie du dimanche, pour échanger à partir de la parole de Dieu, prier ensemble et penser des petits projets de solidarité.
Comme derrière l’expression « CEB » nous avons des images différentes en fonction de nos expériences personnelles, je vous invite à utiliser pour ce point, les pages 12 à 15 de la revue Ensemble, dans lesquelles, notre vicaire général, le père Marc Helfer, nous offre des orientations qui pourront vous être très utiles.
Aidons-nous les uns les autres à travers le partage d’expériences déjà faites, soyons souples et flexibles, voire même créatifs, pour cet objectif. Comme toujours, les pires CEB sont celles qui n’existent pas; mettons-nous en marche et, chemin faisant, nous pourrons réaliser les fruits que cette expérience peut apporter à notre vie chrétienne et à notre vivre-ensemble.
Le Service dédié au Communautés Ecclésiales de Base pourra aussi être contacté pour vous aider.
2. DES SERVICES DIOCESAINS ORGANISES
2.1. DES NOUVEAUX SERVICES SE STRUCTURENT.
Également fruits du synode, quelques nouveaux Services se constituent et seront opérationnels ces prochaines semaines, aux côtés de ceux déjà existant de la catéchèse, du catéchuménat, de la communication, des vocations… Les nouveaux Services sont ceux de l’interculturel/interreligieux et des Communautés Ecclésiales de Base, évoqués plus haut, ajoutés des Services de la formation, de l’écologie et de la liturgie. Des Services en plus, me direz-vous ? Chacun, selon sa spécificité, sera utile pour nous aider à grandir dans la foi, à célébrer et prier de façon plus inculturée, à mieux respecter notre planète et maison commune.
2.2. LA FORMATION.
Le nouveau Service de la formation, selon l’orientation du synode « recensera les besoins et les personnes-ressources, proposera des formations ciblées, directes et à distance.
Elle se rendra disponible pour des animations des communautés chrétiennes localement… ».
En tout cas au service d’une Eglise qui apprend et se forme.
Là aussi, un Service que vous pourrez solliciter ou qui trouvera le moyen de vous rejoindre.
Mais déjà et concrètement, en plus de ce que chaque communauté peut faire de sa propre initiative, le diocèse vous offre deux moyens de formation, propositions communes de l’Institut œcuménique de théologie Al Mowafaqa et du nouveau service de la Formation.
A. FORMATION EN LIGNE AL MOWAFAQA
Elle est destinée à tous les chrétiens, mais déjà, de façon appuyée, à ceux qui ont des responsabilités dans les différentes communautés chrétiennes du diocèse.
De quoi s’agit-il ? Trois petits cours : Initiation à la Bible, Initiation à la théologie et Initiation au dialogue interreligieux.
Au total, six sessions de deux heures, les lundis de 19h à 21h15, pour chacun des cours. Le premier –Initiation à la Bible– commence le 18 novembre et finira avant Noël. Les autres auront lieu courant 2025.
Je vous joins la publicité de ces cours. Il faut s’inscrire moyennant une contribution économique, mais je souhaite que DES RAISONS ÉCONOMIQUES N’EMPÊCHENT PERSONNE D’Y PARTICIPER !!!. Les paroisses, les communautés, les groupes et mouvements et le diocèse veillerons à cela, ainsi qu’à promouvoir l’inscription d’un grand nombre de chrétiens (il n’est pas question d’inscrire deux ou trois comme représentation de la paroisse ; j’attends un nombre consistant de chaque communauté !!!)
L’idéal est de se rencontrer en groupe (petit ou grand) dans une salle paroissiale, pour pouvoir suivre le cours ensemble ; pour cela chaque paroisse doit se doter d’une connexion internet et d’un bon écran. On peut aussi suivre le cours chez l’un ou l’autre, en petit groupe, ou même individuellement chez soi.
B. FORMATION AU DIALOGUE ISLAMO-CHRÉTIEN
Quatre rencontres d’une journée ou d’une demi-journée vous sont proposées, avec le soutien d’un petit livret d’accompagnement préparé pour cela.
L’idéal est d’organiser une rencontre avant Noël, puis les trois autres en 2025 (janvierfévrier, mars-avril et mai-juin), selon les dates qui vous conviendront.
Je vous demande d’organiser ces rencontres pour tous les membres de l’AECAM (aumônerie des étudiants catholiques au Maroc) des différentes paroisses, mais aussi pour les catéchistes, les catéchumènes, les confirmands, les chorales, les groupes et mouvements organisés.
3. UN CONSEIL DIOCESAIN DE LA SOLIDARITE.
Autre mise en œuvre des décisions du synode, la création d’un Conseil diocésain de la Solidarité « dans lequel toutes les fragilités, les pauvretés, les handicaps, les précarités seront identifiés et on cherchera à les prendre en compte. La Caritas diocésaine, avec son expertise et ses compétences, appartiendra à ce conseil mais y seront également représentées la réalité des migrants, celle des personnes incarcérées et celle des autres personnes que la charité chrétienne invite à prendre en compte. Le conseil veillera à ce que les actions d’aide soient ouvertes au plus grand nombre de personnes et à ce que l’aide soit structurée ».
Aux côtés des autres Conseil de l’évêque, ce nouveau-né a son importance pour aider à structurer et à stimuler la solidarité, en interne dans nos communautés chrétiennes, et en externe avec les personnes marocaines avec lesquelles nous vivons, ainsi que les personnes migrantes qui frappent à notre porte.
N’oublions pas que chaque paroisse doit aussi se doter d’un tel conseil de la solidarité, indépendant du Conseil Pastoral ou bien y inclus.
4. JUBILÉ 2025 : PÈLERINS DE L’ESPÉRANCE
L’Église catholique universelle a, depuis l’an 1300, l’habitude de célébrer une année jubilaire à la fin de chaque siècle. Cette tradition a ensuite été proposée tous les 50 ans, pour finalement être célébrée tous les 25 ans. Ce sera donc le cas en 2025. Le jubilé débutera le 24 décembre 2024 avec l’ouverture de la Porte Sainte à Rome. La devise en sera « Pèlerins de l’espérance ».
La bulle de convocation du Pape porte comme titre « L’espérance ne déçoit pas ». Je vous propose quelques extraits significatifs :
« Le prochain Jubilé pourra favoriser grandement la recomposition d’un climat d’espérance et de confiance, comme signe d’une renaissance renouvelée dont nous ressentons tous l’urgence. C’est pourquoi j’ai choisi comme thème Pèlerins d’espérance. Tout cela, cependant, sera possible si nous sommes capables de retrouver le sens de la fraternité universelle, si nous ne fermons pas les yeux sur le drame de la pauvreté croissante qui empêche des millions d’hommes, de femmes, de jeunes et d’enfants de vivre d’une manière digne de l’homme. Je pense en particulier aux nombreux réfugiés contraints d’abandonner leurs terres. Que la voix des pauvres soit entendue en ce temps de préparation au Jubilé »
« La dimension spirituelle du Jubilé, qui invite à la conversion, doit être conjuguée avec ces aspects fondamentaux de la vie sociale, afin de constituer une unité cohérente. Nous sentant tous comme des pèlerins sur la terre où le Seigneur nous a placés pour que nous la cultivions et la gardions (cf. Gn 2, 15), ne manquons pas de contempler en chemin la beauté de la création tout en prenant soin de notre maison commune » (Lettre du Pape, du 11 février 2022)
Le Pape demande de faire et donner des signes d’espérance, particulièrement pour différents groupes de personnes : malades, personnes incarcérées, personnes handicapées, jeunes, migrant-exilés-déplacés-réfugiés, personnes âgées, grands-parents et pauvres…
Le Conseil de coordination pastorale et le Conseil presbytéral aideront à organiser cette année jubilaire dans notre diocèse par des propositions concrètes et en faisant le lien avec notre synode, surtout avec les Orientations Pastorales qui nous demandent d’être une Église samaritaine et une Église écologique.
Quant aux nouvelles sur les départs et arrivées dans notre diocèse, ainsi que sur les nominations, les activités déjà réalisées et celles programmées, vous les recevrez à travers une prochaine édition de « En union avec vous ».
Cette Lettre vous parvient à l’issue du mois de la création qui invitait le Peuple de Dieu à honorer la création en toutes ses entités et sous toutes ses formes, et à ne pas passer à côté de « la clameur de la terre et de la clameur des pauvres », de sorte à rappeler à œuvrer pour une maison commune de tous les peuples où règne la justice et où se transmet la paix. Merci à tous ceux qui y auront contribué d’une manière ou d’une autre.
Nous tâcherons, soutenus par le service de l’écologie, de dynamiser ce mois de la création l’an prochain et d’y associer nos autres frères et sœurs chrétiens et musulmans. Honorer ensemble la création est aussi une manière concrète et réaliste de servir le Royaume de Dieu, déjà au milieu de nous.
Bonne année 2024-2025 !
En la fête de saint François d’Assise, ce 4 octobre 2024.