LETTRE AU PEUPLE DE DIEU N°12

+Cristóbal, Cardinal López Romero, sdb

Archevêque de Rabat

LETTRE AU PEUPLE DE DIEU Nº 12

Chers frères et soeurs,

 

Dans la Lettre au Peuple de Dieu n°11, envoyée le 14 mars 2020, je vous communiquais les mesures adoptées en raison de la pandémie qui sévissait déjà dans le Maroc et dans le monde entier.

             

Quatre mois se sont écoulés, pendant lesquels nous n’avons pu célébrer ni l’Eucharistie, ni les autres sacrements de façon ouverte et publique ; quatre mois sans rencontres physiques des communautés chrétiennes. Aujourd’hui je vous envoie cette nouvelle lettre dans des circonstances différentes.

 

1.-RENDONS GRÂCE À DIEU

             

Oui, rendre grâce à Dieu c’est la première des choses à faire. Rendons grâce à Dieu parce que le Maroc a été épargné en très grande partie de ce que d’autres pays ont dû subir.

 

Rendons grâce à Dieu parce que, à ma connaissance, aucun chrétien membre de nos communautés n’a été atteint par le virus, ni hospitalisé. Nous n’avons eu à déplorer aucun décès à cause du COVID-19.

 

Rendons grâce à Dieu parce que, malgré ou grâce aux difficultés rencontrées pour vivre notre vie chrétienne, une explosion de créativité et de solidarité s’est déclenchée dans nos communautés. En effet, je me rejouis de toutes les initiatives prises par les paroisses et les communautés religieuses, et je félicite tous ceux qui, loin de se replier sur eux-mêmes par peur, ont profité du confinement pour se lancer à la rencontre des plus démunis, de ceux qui ont été –et qui sont encore- dans la plus grande détresse.

 

2.-SOUFFRONS AVEC LES AUTRES

 

Si nous rendons grâce à Dieu pour les bonnes choses vécues pendant ces quatre mois, nous ne pouvons pas nous passer d’adresser nos condoléances aux familles endeuillées, de souffrir avec tous les malades, de penser à ceux qui ont perdu leur travail, à ceux qui ne peuvent payer leur loyer et à ceux qui ont du mal à nourrir leurs enfants ou même à se nourrir.

 

Oui, le succès sanitaire du Maroc ne cache pas les difficultés sociales et économiques de tant de familles, pour la plupart déjà en détresse en temps normal.

 

Pendant les premières messes que nous célébrerons dans chaque communauté, nous porterons dans la prière les victimes du monde entier, les malades, leurs familles et leurs proches, bref, tous ceux que la pandémie a sécoué durement.

 

 

3.-LE RETOUR AUX CÉLÉBRATIONS

 

Après 4 mois sans culte public, nous arrivons au moment où nous pouvons réouvrir les églises et accueillir les chrétiens pour la prière communautaire. Cela doit être fait dans le plus strict respect des normes sanitaires données par les autorités aux niveaux national et local. Un critère général et de base est celui d’éviter la congestion et la concentration de personnes, soit à l’entrée et à la sortie des églises, soit pendant les célébrations.

 

Nous vous prions d’accepter et de prendre en considération les indications suivantes :

 

1.-À partir du mercredi 15 juillet, on pourra célébrer l’Eucharistie et d’autres formes de prière tous les jours dans chaque église, en gardant à tout moment la distance sanitaire (un mètre et demi) entre les participants. La distance sanitaire sera gardée aussi pour la distribution de la communion.

 

2.-Les églises – surtout là où les participants sont nombreux – seront ouvertes au moins quinze minutes avant le début de la célébration pour que l’entrée se fasse sans encombrement.

 

3.-Toutes les personnes doivent porter en permanence le masque sanitaire, sans lequel l’entrée leur sera interdite.

 

4.-À l’entrée, il y aura des distributeurs de gel hydro-alcoolique, un tapis désinfectant et des personnes chargées de prendre la température de ceux qui arrivent.

 

5.-Les fidèles respecteront en tout temps les gestes barrières : ne pas s’embrasser ni serrer les mains, pas de geste de paix physique, pas de poignées de main, etc.

 

6.-La sortie se fera avec tranquillité et sans attroupements. On évitera les réunions une fois dans la cour, à l’entrée de l’église ou dans la rue.

 

7.-Chacun veillera à se laver les mains avec du savon et de l’eau ou avec un désinfectant en rentrant à la maison.

 

8.-Les prêtres sont priés de rester à la disposition des fidèles selon des horaires établis matin et après-midi pour la célébration de la réconciliation et l’accompagnement spirituel, mais toujours dans le respect des normes sanitaires.

 

9.-L’accès est interdit aux enfants de moins de 12 ans et déconseillé aux adultes de plus de 70 ans et aux personnes fragiles. C’est clair et évident qui si quelqu’un présente des symptômes de maladie, il ne doit pas aller à l’église.

 

10.-Pour faciliter la participation de tous les chrétiens à la messe, là où il y a plusieurs prêtres et si la communauté est nombreuse, on peut prevoir deux ou trois messes par jour.

 

11.-Je demande à tous les fidèles – pour des raisons sanitaires évidentes – de communier dans la main.

 

12.- Toutes les personnes qui ont à manipuler les hosties auront soin de se désinfecter les mains avant de le faire. Le célébrant principal se désinfectera les mains au moment du rite du lavabo. Lui-même et les autres ministres de la communion se désinfecteront les mains juste avant de la distribuer, et porteront un masque sanitaire.

 

Tout cela oblige à bien s’organiser, avec une équipe d’accueil renforcé et bien préparé, surtout dans les grandes communautés.

 

4.-LE PRÉCEPTE DOMINICAL

Il y a 4 mois je vous disais que je vous dispensais de l’accomplisement du précepte dominical tant que la situation de fermeture des églises durerait. Il s’avère que certaines personnes ne savaient pas ce qu’est le « précepte dominical ». Il s’agit du commandement de l’Église qui nous demande de célébrer la messe chaque dimanche (d’où dominical).

 

Je vous demande de reprendre l’habitude de célébrer chaque semaine la messe, qui est le sommet et la source de toute vie chrétienne. Mais pour tenir compte des difficultés et des limitations que nous avons encore – surtout dans les grandes villes – vous pouvez le faire n’importe quel jour de la semaine. Que certains fidèles du dimanche acceptent de se répartir sur plusieurs messes en semaine – qui auront valeur de messe du dimanche – permettra à chacun de célébrer le Seigneur et de recevoir la communion une fois par semaine. La messe célébrée samedi soir est déjà « messe du dimanche » ; je crois que nous pouvons la valoriser dans ce sens et favoriser une plus grande présence de chrétiens.

 

5.-L’ECONOMIE FAIT PARTIE AUSSI DE NOTRE VIE CHRÉTIENNE

 

 Vous savez que nos paroisses et le diocèse lui-même fonctionnent grâce à la contribution de vous tous, les fidèles chrétiens.

 

 Cela se fait principalement, pour les paroisses, à travers les quêtes de la messe. Depuis quatre mois les paroisses n’ont rien reçu de ce côté. Je félicite les initiatives de certains groupes de chrétiens qui sont venus au secours de leur paroisse de façon extraordinaire, à travers des dons faits par virement ou par d’autres moyens. Maintenant il faut un effort extraordinaire de tous pour pouvoir récupérer, au moins en partie, ce que les paroisses n’ont pas pu recevoir pendant cette période.

 

 Pour le diocèse la collaboration se fait surtout à travers la campagne dite « Denier de l’Église » (la « dîme » pour beaucoup) qui débute chaque année le dimanche des Rameaux. Cette année nous n’avons pas commencé, à l’exception d’Agadir dont la contribution chaque année pour cette campagne mérite mes félicitations et mes remerciements. Il faudra que les curés se souviennent de distribuer les enveloppes et de les ramasser, et que chacun soit le plus généreux possible, selon ses revenus. Le lancement peut se faire en juillet et août, mais il faudra revenir avec des piqûres de rappel en septembre et octobre…

 

 

 

 

6.-UNIVERSITÉ D’ÉTÉ

 

 Nous ne renonçons pas à cette activité de l’AECAM. Nous y tenons beaucoup. Mais il ne sera pas possible de la faire cette année en mode présentiel à Ifrane. Nous allons essayer de la faire dans chaque ville en mode semi-présentiel. Ce qui veut dire que les « professeurs » interviendront à distance depuis la France, le Maroc ou différents pays de l’Afrique subsaharienne par internet, mais que les participants de chaque ville ou de deux ou trois villes se retrouveront et se rencontreront physiquement, à la paroisse ou dans un autre endroit convenable.

 

 Cela nous permettra d’avoir plus de participants… mais peut-être moins de richesse dans le partage. Et cela exigera de chaque AECAM un engagement fort pour l’organisation ; tous les jeunes deviennent « organisateurs » et non pas seulement

« utilisateurs » ou « bénéficiaires », et ça, c’est une très bonne chose.

 

 Les dates, les modalités, le bulletin d’inscription, etc. ont déjà été envoyés par email à tous les responsables. Le week-end prochain aura lieu une rencontre à Notre Dame de la Paix avec les responsables des différentes paroisses pour bien préparer le déroulement de cette édition de l’Université d’Été.

 

7.-RELECTURE DE LA PANDÉMIE ET DU CONFINEMENT

 

 Il y a quelques semaines vous avez reçu cinq fiches pour vous aider à faire une relecture de cette expériencie dans laquelle nous sommes encore. Je n’ai pas eu beaucoup d’échos de l’utilisation des ces fiches.

 

 Je vous encourage à y revenir et à les utiliser (au moins deux fiches : la personnelle et une des autres quatre)

 

 « Quand on est dans un tunnel, on n’y voit rien, mais c’est absurde de vouloir pour autant que le paysage à la sortie du tunnel soit le même qu’à l’entrée. Laissons l’Esprit saint faire son travail. » Cette réflexion de Christian de Chergé tombe à pic.

 

 Nous ne pouvons pas sortir de cette situation sans faire un bon examen de conscience, un bilan des choses positives et négatives de notre part, une évaluation des expériences vécues, etc. Je vous laisse la tâche de faire tout cela.

 

8.-BONNES VACANCES À TOUS

 

 Malgré la situation si particulière que nous vivons, je vous souhaite de bonnes vacances. Si nous nous trouvons au Maroc, profitons-en pour mieux connaître ce pays et ses habitants. Si vous êtes ailleurs et que vous pouvez visiter votre famille, saluez-la de ma part.

 

 N’oublions pas que nous sommes enfants de Dieu toujours et partout, et que nous sommes des frères et des sœurs en toute circonstance.

 

 Le mois de septembre je viendrai vers vous pour dire au revoir officiellement à tous ceux qui partent définitivement et pour donner la bienvenue à ceux qui arrivent. Pour le moment le panorama n’est pas encore complet.

Bien à vous. Bon été.