Mohammedia. L’église catholique Saint Jacques par sa curieuse forme s’élève comme deux mains jointes vers Dieu, donnant à l’extérieur sur un bel espace vert grand ouvert. Elle rappelle ainsi son origine. Une humble plaque à l’ intérieur se fait mémoire: la mort sur le front de guerre du jeune Jacques Hersent en 1917. Tout l’ensemble a été bâti par la famille en son souvenir. Et la prière monte encore aujourd’hui, par des européens établis ici depuis de très longues années, comme Éric, mais surtout par des subsahariens et des jeunes étudiants de la chorale. Une assemblée dominicale d’une petite centaine de fidèles, qui parfois varie. Aujourd’hui, dimanche13 août, on anticipe la solennité de l’Assomption de Marie. Les femmes à leur arrivée sont couronnées, à leur surprise, par un beau chapelet autour du cou.
“Que Dieu te bénisse !” les mots qui accompagnent ce geste: elles en sont ravies! La célébration se déroule calme et belle, avec des tendres chants à la Vierge. Le “Magnificat” de l’Evangile est aussi proclamé avec joyeuse reconnaissance par l’assemblée toute entière. Oui, pour chacun – dans sa propre histoire d’émigration parfois dure et difficile, – Dieu a fait des merveilles! A la sortie est offerte à tous une image-prière de notre “Dame du Maroc”… pour un dirham, qui servira à l’alimentation de jeunes migrants (au lieu de le demander comme d’habitude dans la rue).
Une bonne quinzaine de personnes s’arrête au repas de fête qui démarre au chant d’Olivia: une “Ave Maria” si surprenante et mélodieuse de transporter les convives presque au paradis.
Naturellement entourés de salade marocaine, poulet au four, légumes de saison par Juliette, la cuisinière. Juste au milieu du repas – une foudre à ciel claire – l’appel vidéo du curé Père Pierre depuis la France, peut-être attiré… par les bons parfums de la table. La baraka était à son comble. Ainsi, en échangeant, on vient d’apprendre que la chorale est bien catholique, mais l’orgue musulman, oui, offert par un ami musulman! Que chaque année la paroisse est visitée par un professeur de sociologie et tous ses étudiants, avides de connaissances religieuses. Tous les deux mois dans la journée paroissiale on se rencontre avec la communauté protestante pour partager la fête et des activités sportives. Que la Caritas paroissiale vient de démarrer son activité, en prenant soin avant tout des besoins des étudiants universitaires. Enfin, une paroisse ouverte au monde! En partant, alors, on dirait aisément ici : “L’œil n’oublie jamais ce que le cœur a vu“!
Olivier Armand OUSSOU