Bonjour,
Présent aux rencontres méditerranéennes qui se tiennent à Marseille cette année, où plusieurs jeunes, évêques, théologiens et responsables d’écoles catholiques du bassin méditerranéen sont invités à parler des enjeux particuliers de cette région du monde, nous nous réjouissons de pouvoir vous avoir pour ce petit moment de partage. Je suis Ben-Zevy pour le compte du service de communication du diocèse de Rabat.
Avant de commencer, pourriez-vous prendre un moment pour vous présenter brièvement ?
Je suis AIT ELCADI Omar, j’ai 25 ans, Marocain musulman résidant au domaine de l’église Marie du Magnificat à Taroudant, diplômé en droit. Actuellement, je travaille dans la traduction digitale au sein des plateformes intermédiaires.
Vous êtes donc présents pour participer activement à ces rencontres. Pourriez-vous nous expliquer comment vous avez entendu parler des Rencontres Méditerranéennes ?
Le père m’a parlé des Rencontres Méditerranéennes et m’a proposé d’y participer. Après un court moment de réflexion, et surtout de recherche, j’ai accepté.
Si vous le permettez, j’aimerais en savoir un peu plus sur votre décision de participer à ces rencontres. Avez-vous décidé par vous-mêmes de participer ? Si oui, pour quelles raisons ? Si on vous a proposé d’y participer, pourriez-vous nous expliquer pourquoi vous avez accepté cette invitation ?
En faisant des recherches sur la thématique des Rencontres Méditerranéennes, j’ai ressenti que ces débats me correspondaient. Rencontrer et écouter les jeunes des cinq rives de la Méditerranée, ainsi qu’échanger des idées avec les évêques et théologiens de cette région, étaient sans aucun doute une opportunité de traiter les questions méditerranéennes. Nous sommes tous concernés et nous devons nous y engager.
En complément de cela, pourriez-vous partager
quelques détails sur votre parcours religieux ? Avez-vous déjà eu l’occasion de
participer à d’autres événements de cette nature ?
Non, c’est la première fois que je participe à ce genre de rencontres ayant une dimension interreligieuse et interculturelle.
Qu’attendez-vous personnellement de votre participation à ces rencontres méditerranéennes ?
Après une semaine de travail, de discussions et d’échanges avec les différents participants, le devoir de s’engager en faveur des questions et des défis de la Méditerranée est devenu très fort. Je pense que nous sommes appelés à nous y investir profondément, plus que jamais.
De plus, pourriez-vous
également partager vos réflexions sur les aspects de la foi musulmane qui vous
passionnent le plus ou qui vous ont marqués jusqu’à présent ?
Tout comme dans la foi chrétienne, ma religion me correspond : « Et quiconque lui fait don de la vie, c’est comme s’il faisait don de la vie à tous les hommes. » (sourate Al Maaeda, 32). Se mettre au service des questions humaines est un appel de Dieu. Nous devons nous aimer, nous aider les uns les autres et renforcer les valeurs humaines pour vivre ensemble harmonieusement.
Avant de poursuivre, pourriez-vous décrire l’ambiance et l’accueil que vous avez ressentis depuis votre arrivée aux rencontres ?
L’accueil était chaleureux, et l’ambiance m’a fait sentir, dès le premier moment, que les différences culturelles et confessionnelles sont un tissu exceptionnel que nous devons mettre au service du dialogue et du partage. Marseille, ville méditerranéenne cosmopolite et riche en diversité, m’a fait ressentir l’appartenance au bassin méditerranéen et à ses questions.
Quels sont les moments ou les activités qui vous ont particulièrement marqués jusqu’à présent au cours de ces rencontres ?Nous avons vécu de nombreux moments forts, remplis à la fois de méditation, d’émotion, d’échange, de nostalgie et d’amour. La messe très émouvante à l’église des Chartreux, la visite du camp des Milles, les ateliers de travail et d’échange avec les évêques, les riches conférences sur les différents défis de la Méditerranée… Je dois avouer que les quelques secondes que j’ai passées avec Sa Sainteté le Pape François me marqueront à jamais. Je lui ai demandé de prier pour les victimes du séisme qui a frappé mon pays, pour la Libye ainsi que pour tous ceux qui se trouvent en précarité, notamment dans les zones de conflits.
Serait-il possible de partager une expérience ou un enseignement précis qui vous a particulièrement touché lors de cet événement ? De plus, quels sont pour vous les principaux points traités pendant des jeunes ?
Les journées de rencontres étaient intenses, mais elles regorgeaient de richesses interculturelles. Chaque journée était parfaitement instructive. Pendant la messe au stade Vélodrome, Sa Sainteté le Pape François a déclaré : « Mare Nostrum ne doit pas devenir Mare Mortuum ». Cette phrase m’a profondément touché, car le fléau migratoire tragique est le résultat de l’instabilité, de l’insécurité et de la précarité, notamment dans la rive sud-est de la Méditerranée. Cette phrase nous appelle à nous unir, à mieux nous connaître et à briser les stéréotypes que nous avons les uns sur les autres, afin de donner vie à des actions qui peuvent développer nos rives et inciter les acteurs majeurs à comprendre ces défis et à soutenir ces causes.
Vous avez mentionné l’importance de la participation des jeunes à de telles rencontres. Pourriez-vous expliquer pourquoi vous pensez que c’est essentiel ?
Lors d’une allocution devant les jeunes et les évêques, Mgr Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille, a cité l’Ancien Testament : « Vos anciens auront des songes et vos jeunes auront des visions ». Dans ce sens, la présence des jeunes est importante. Leurs diversités culturelles et confessionnelles ont permis de cristalliser une vision commune pour la Méditerranée. Chacun d’entre nous a partagé les enjeux et a proposé des solutions en fonction des mécanismes de sa région. Sans aucun doute, la Méditerranée compte sur sa jeunesse.
De plus, pourriez-vous développer votre point de vue sur l’importance de la participation de musulmans à une rencontre organisée par l’église ?
Je pense que dans le cadre religieux chrétien intitulé « Mosaïque d’Espérance », la présence des jeunes musulmans et juifs aux Rencontres Méditerranéennes a apporté une vitalité et une richesse remarquables aux discussions, en particulier lors des ateliers de travail réunissant les jeunes et les évêques. Cela a permis et permettra à l’avenir de construire des visions et de mener des actions concrètes pour une Méditerranée unie, cohabitant et solidaire.
Nous arrivons à la fin de notre entretien, mais avant de nous quitter, j’aimerais vous poser deux dernières questions :
Comment envisagez-vous de mettre en pratique ce que vous avez appris ou ressenti lors de ces rencontres dans votre vie quotidienne et au sein de votre communauté ?
Les Rencontres Méditerranéennes m’ont profondément sensibilisé à l’importance de l’unité de la Méditerranée et à l’adoption de ses défis et questions. Chacun d’entre nous doit s’engager dans sa région ou dans son pays d’une manière ou d’une autre, afin de relever ces enjeux et de contribuer à ce processus de développement humain.
Enfin, de manière plus personnelle, avez-vous des projets ou des objectifs spécifiques liés à votre foi après votre participation à ces rencontres méditerranéennes ?
Le fait d’avoir été sensibilisé lors des Rencontres Méditerranéennes à travers les travaux et les échanges avec les participants me pousse à m’engager dans la question écologique, qui est l’un des enjeux majeurs au Maroc, en passant par la voie de la société civile.
Merci infiniment pour votre expertise et votre partage.
Paix et joie !