Georges Pascal : Répondre à l’appel de construire le Royaume de Dieu avec Joie et humilité.

Bonjour, 

Présent aux rencontres méditerranéennes qui se tiennent à Marseille cette année, où plusieurs jeunes, évêques, théologiens et responsables d’écoles catholiques du bassin méditerranéen sont invités à parler des enjeux particuliers de cette région du monde, nous nous réjouissons de pouvoir vous avoir pour ce petit moment de partage. Je suis Ben-Zevy pour le compte du service de communication du diocèse de Rabat. 

Avant de commencer, pourriez-vous prendre un moment pour vous présenter brièvement ? 

Je suis Georges Pascal Kendema Millimono, de nationalité guinéenne, République de Guinée. Diplômé de journalisme et communication, je viens récemment de terminer ma mission de quatre années en tant qu’agent pastoral au service du diocèse de Rabat qui m’a également valu un diplôme universitaire d’études de théologie à l’institut œcuménique Al Mowafaqa. 

Vous êtes donc présents pour participer activement à ces rencontres. Pourriez-vous nous expliquer comment vous avez entendu parler des Rencontres Méditerranéennes ? 

A travers un mail qui m’a été envoyé par une connaissance depuis la France qui m’a demandé de remplir un formulaire numérique. Dans ce formulaire il était question de parler de son parcours académique mais aussi et surtout de son/ses engagements dans l’Eglise et dans la société. Et le retour à ma candidature a été positif. Voilà comment je me suis retrouvé à la session des jeunes des Rencontres méditerranéennes.  

Si vous le permettez, j’aimerais en savoir un peu plus sur votre décision de participer à ces rencontres. Avez-vous décidé par vous-mêmes de participer ? Si oui, pour quelles raisons ? Si on vous a proposé d’y participer, pourriez-vous nous expliquer pourquoi vous avez accepté cette invitation ? 

La réponse à cette question se trouve me semble-t-il dans la 2. Mais s’il faut préciser les raisons de ma participation, c’est surtout le désir de rencontrer des jeunes en provenance d’autres pays, partager nos expériences et réfléchir ensemble à comment faire face aux défis actuels de la méditerranée notre mer commune. Parce qu’en tant que jeunes nous sommes aussi l’avenir de cette mer berceuse de cultures et de civilisations. 

 Parlons maintenant un peu de votre parcours chrétien. Avez-vous déjà participé à d’autres événements similaires ? 

Oui il y a quelques mois à Addis Abeba en Ethiopie. Lors de l’étape continentale du synode où j’ai eu la chance de rencontrer d’autres jeunes engagés dans les églises qui ont généralement les réalités différentes des églises au Maghreb. Mais j’en retiens une belle et riche expérience. 

Qu’attendez-vous personnellement de votre participation à ces rencontres méditerranéennes ? 

Les motivations qui m’ont poussé à participer à ces Rencontres ont trouvé des réponses satisfaisantes après tout ce qu’on a pu vivre durant cette semaine de travail, d’échange et de découvertes. Si je peux le résumer c’est que j’ai beaucoup appris des autres et m’enrichi de leurs expériences. Mais mieux je sors de ces rencontres avec un souci d’engagement. 

 Pour mieux comprendre vos motivations, pourriez-vous nous expliquer quels sont les aspects de la foi chrétienne qui vous passionnent le plus ou qui vous ont le plus marqués jusqu’à présent ? 

L’annonce et le témoignage sont deux aspects s’il faut utiliser vos termes qui me permettent aujourd’hui de vivre ma foi chrétienne au quotidien. Ils me poussent à me mettre au service de la relation d’amour entre Dieu et les hommes et ce service peut se traduire par mes différents engagements dans l’Eglise qui demeure un instrument au service du Royaume de Dieu mais aussi et surtout auprès de mes semblables. 

 

 Avant de poursuivre, pourriez-vous décrire l’ambiance et l’accueil que vous avez ressentis depuis votre arrivée aux rencontres ?

 

C’est incroyable ce qu’on a vécu à Marseille. On a eu comme l’impression de se connaître les uns les autres depuis belle lurette. Du début à la fin de la session l’ambiance était absolument fraternelle et conviviale. On ne se posait pas la question de savoir qui est musulman, qui est orthodoxe ou qui est chrétien. On ne se demandait pas qui est européen ou africain etc…Nous vivions et partagions ensemble au quotidien. Si nous pouvions vivre comme cela dans nos différentes sociétés, je crois qu’il y aurait moins d’indifférence et de politique de massacre de l’autre. 

 Quels sont les moments ou les activités qui vous ont particulièrement marqués jusqu’à présent au cours de ces rencontres ? 

Il y a eu beaucoup de moments forts mais celui qui m’a particulièrement marqué est la visite que mon groupe a faite au Camp des Milles devenu depuis 2012 un site-mémorial. Il est situé à près de 30 km de Marseille sur le territoire de la commune d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). C’est le seul grand camp français d’internement et de déportation encore intact aujourd’hui. La visite de ce camp m’a touché parce que son histoire est douloureuse en parlant de la Shoah. Les conditions d’internements étaient quasi-inhumaines. Pire en été 1942, le camp des Milles change brutalement de statut et devient un camp de déportation. Environ deux-mille hommes, femmes et enfants juifs sont déportés des Milles vers Auschwitz dont une centaine d’enfants et d’adolescents. Le plus jeune avait un an. 

 Serait-il possible de partager une expérience ou un enseignement précis qui vous a particulièrement touché lors de cet événement ? De plus, quels sont pour vous les principaux points traités pendant des jeunes ? 

Chaque journée était portée sur une thématique, c’est en fonction de cette thématique que nous faisions des activités, des visites, des échanges.  

La session des jeunes a commencé dimanche 17 avec la messe d’ouverture à l’église des chartreux.  

Le lundi 18 septembre avait pour thématique (mémoire et récit) ; mardi (identité et vérité) ; mercredi (dignité et développement) ; jeudi (à l’écoute de nos rives) ; vendredi (au service de nos rives) ; et samedi rencontre avec le Pape François.  

Un enseignement à partager ? C’est sur le dialogue animé par le père Christian Salenson, directeur de l’Institut de science et de théologie des religions (Paris). Il nous a appris beaucoup de choses intéressantes sur le dialogue mais celle que je veux partager est le fait que le dialogue suppose le parler et l’écoute vrai pour se laisser enrichir par l’altérité. Pour que la parole de l’autre me traverse il faut que j’accepte que l’autre c’est l’autre et moi c’est moi. Le dialogue des cultures a beaucoup marqué le bassin méditerranéen et il est important de noter qu’un peuple qui se renferme sur ses richesses, sans le savoir, il s’appauvrit. Un dialogue est défini non pas par le sujet que nous abordons mais par la disposition que nous tenons.  

 Vous avez mentionné l’importance de la participation des jeunes à de telles rencontres. Pourriez-vous expliquer pourquoi vous pensez que c’est essentiel ? 

Jeunesse est avenir. Que les jeunes se rencontres pour communier, partager ensemble leurs expériences et réfléchir ensemble avec les évêques sur les défis actuels de la méditerranée tout cela dans une attitude de foi et d’espérance…ça c’est essentiel !  

 Vous avez également remarqué la présence de jeunes musulmans lors de ces rencontres. Pourquoi pensez-vous que leur participation est utile ? 

Ces rencontres ont été placé sous le signe de mosaïque d’Espérance et c’est bien de comprendre que les chrétiens, pas plus que les autres n’ont le monopole de l’Espérance. L’Espérance est une action de l’Esprit saint. Il faut donc que nous agissons ensemble chacun, chacune dans sa croyance, son expérience, sa culture pour vivre une communauté de destin car l’Espérance est unité, liberté et fraternité.  

L’Eglise est au service du royaume de Dieu et qui dit Royaume de Dieu dit monde de paix, de justice, de fraternité universelle. Je ne crois pas que l’Eglise soit le seul instrument au service de ce Royaume. D’où l’importance d’associer toutes les personnes de bonne volonté peu importe leur religion aux initiatives qui œuvrent pour le bien commun. Et il n’y a pas que l’Eglise seule qui prend de telles initiatives.  

 Nous arrivons à la fin de notre entretien, mais avant de nous quitter, j’aimerais vous poser deux dernières questions : 

Comment envisagez-vous de mettre en pratique ce que vous avez appris ou ressenti lors de ces rencontres dans votre vie quotidienne et au sein de votre communauté ? 

En continuant à m’engager sur des questions de justice, de paix et de fraternité. Dans l’Eglise mais aussi dans la société. Chacun peut quelque chose de là où il se trouve. Je vais donc aussi m’engager à ma manière. Pour le bien commun, aucun effort n’est faible et anodin.   

Enfin, de manière plus personnelle, avez-vous des projets ou des objectifs spécifiques liés à votre foi après votre participation à ces rencontres méditerranéennes ? 

La vivre concrètement. Comme chrétien Dieu m’appelle à contribuer à ma manière à construire son Royaume. C’est avec humilité et joie je veux répondre à cet appel. 

Merci infiniment pour votre expertise et votre partage.  

Paix et joie !