Une Église, héritière d’une longue histoire


La présence du christianisme en Afrique du Nord est avérée dès la fin du IIe siècle. Il est très probable que l’annonce de l’Évangile est parvenue à la Mauritanie Tingitane (la région centrale et le Nord du Maroc actuel) à partir de l’Espagne romaine toute proche, avec laquelle elle était liée administrativement. En l’an 298 fut martyrisé, à Tanger, le centurion Marcel. L’extension du christianisme a dû être assez vaste parmi les Berbères autochtones, et davantage encore parmi les habitants d’origine romaine établis en Mauritanie, si l’on en juge par le nombre élevé d’évêchés que comportait la région à l’époque immédiatement postérieure, comme ceux de Tanger (Tingis), Asilah (Zilis), Ceuta (Septem), Larache (Lixus), Tétouan (Tamuden-sis), Salé (Salensis) etc. On dispose de peu de données quant à l’impact des donatistes et des vandales sur ces chrétiens. Les historiens nous montrent qu’après l’implantation de l’islam dans le Maghreb, des petites communautés chrétiennes ont toujours subsisté jusqu’au XIIIe siècle, en certains lieux, malgré la disparition progressive de la hiérarchie ecclésiastique.

En 1219, du vivant même de saint François d’Assise, les premiers franciscains entrèrent au Maroc. Quelques années après, en 1225, le Saint-Siège nommait évêque, pour les territoires sous domination almohade, le dominicain Frère Dominique. En 1226, le franciscain Frère Agnelo fut nommé évêque de Fès. Du XIVe au XVIIe siècle, les missionnaires espagnols continuèrent à exercer leur apostolat parmi les captifs chrétiens, sous l’autorité d’évêques qui résidaient normalement à Séville, en qualité d’auxiliaires de l’archevêque de cette ville. En 1630, l’évêché du Maroc fut réduit au rang de Préfecture Apostolique dépendant de Rome et fut confié aux franciscains de san Diego d’Andalousie, qui demeurèrent toujours à son service. Au milieu du XVIIIe siècle, une fois aboli l’esclavage des chrétiens au Maroc, les petites communautés de commerçants européens s’accroissent dans les villes de la côte.

En 1908, le Pape Pie X éleva la Préfecture Apostolique du Maroc au niveau de Vicariat Apostolique. Le premier titulaire en fut l’archevêque Mgr Francisco María Cervera, avec siège à Tanger. En 1920, le Saint-Siège nomma le Père Lucien Dané Vicaire délégué pour la zone du Maroc sous protectorat français. Trois ans après, Pie XI créa deux Vicariats Apostoliques : un avec siège à Rabat, pour la zone du Protectorat français, et un autre à Tanger, pour la zone du Protectorat espagnol et la zone internationale de Tanger. Par les décrets du 14 septembre 1955 et du 14 novembre
1956, le Pape Pie XII éleva respectivement les Vicariats Apostoliques de Rabat et de Tanger au rang de Sièges Archiépiscopaux, dépendant tous deux du Saint-Siège. Mgr Louis-Amédée Lefèvre et Mgr Francisco Aldegunde furent désignés comme archevêques. Au début des années 2000, l’Église du Maroc, en fort déclin démographique depuis l’Indépendance, s’est vue renouvelée par l’arrivée d’étudiants originaires d’Afrique subsaharienne. Ces étudiants constituent aujourd’hui plus de 80% des fidèles de nos communautés à travers le royaume.

Le 10 mars 2018, Mgr Cristóbal López Romero est consacré évêque dans la cathédrale Saint-Pierre, à Rabat, et il est installé archevêque de Rabat, succédant à Mgr Vincent Landel. Le 24 mai 2019, il est nommé administrateur apostolique du diocèse de Tanger, Mgr Santiago Agrelo Martinez ayant démissionné, atteint par la limite d’âge. Le 1er septembre 2019, le P. Cristóbal a été nommé cardinal par le Pape François. Le Consistoire au cours duquel il a été créé Cardinal a eu lieu le 5 octobre 2019.